Vendredi, 19 juin 2020

Une loi sur l'énergie AVEC décompte individuel de chauffage

Le Grand Conseil doit adopter la semaine prochaine une nouvelle Loi cantonale sur l’énergie, qui devrait permettre une lutte plus efficace contre le réchauffement climatique. Problème : elle oublie de donner aux locataires d’immeubles anciens les moyens d’y contribuer activement et surtout de ne plus financer les gaspillages de leurs voisins. Un amendement vert’libéral vise à corriger cette grave lacune, tout en évitant les possibles dérapages. Locataires et bailleurs responsables seront gagnants, mais aussi nos centres de recherche et les PMEs actives dans le secteur.

La majorité des Neuchâtelois-es sont des locataires et habitent le plus souvent dans des immeubles anciens. Ces bâtiments consomment 4 à 5 fois plus d’énergie que ceux qui se construisent actuellement, et ils sont en général chauffés au mazout ou au gaz. Or, le secteur du bâtiment est responsable à lui seul du tiers des émissions de CO2 en Suisse et seul 1% du parc immobilier est rénové chaque année : à ce rythme, un siècle sera nécessaire pour l’assainir complètement, alors que l’urgence de mesures efficaces pour contrer le réchauffement climatique est devenue évidente.

 

Parmi celles-ci, la diminution du gaspillage est la plus simple et elle est économiquement rentable : réduire d’un degré la température de son logement permet de diminuer de 7% la consommation d’énergie pour le chauffage, donc d’autant la facture de combustible et les émissions de CO2. Chaque année, ce sont des centaines de milliers de francs qui s’envolent en fumée des poches des locataires de notre canton et vont nourrir les filières des énergies fossiles !

 

Le décompte forfaitaire ou comment le locataire responsable subventionne le gaspillage

 

Des dizaines de milliers de locataires du canton reçoivent chaque année un décompte de charges forfaitaire, calculé non pas en fonction de leur consommation effective, mais simplement proportionnellement à la taille de leur logement. Conséquence : celle ou celui qui évite les gaspillages finance directement son voisin qui s’en moque. Une absurdité énorme, qui date de l’époque où les hydrocarbures ne coûtaient presque rien et où personne ne parlait de protection du climat : cela doit changer, et tout le monde va y gagner… sauf les filières des énergies fossiles (tant mieux).

 

L’amendement proposé par les vert’libéraux demande donc l’obligation d’équipement, mais seulement si l’investissement est économiquement raisonnable, ce qui sera le plus souvent le cas. L’opération sera dans le pire des cas financièrement neutre pour le bailleur, elle lui permettra de mieux valoriser son immeuble et de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique. Tandis que les locataires responsables seront pratiquement toujours gagnant-es : des études conduites à l’étranger ont montré que, même dans des bâtiments récents, la possibilité de maîtriser ses dépenses de chauffage conduit à au moins 10 à 20% d’économies. Le potentiel est encore supérieur pour les bâtiments anciens.

 

Enfin, les avancées technologiques permettront de gérer toujours mieux les besoins en chaleur, en évitant par exemple qu’un appartement soit chauffé de la même manière, qu’il soit occupé ou pas, par exemple pendant les vacances ou durant la journée de travail. Car si le bénéfice climatique est évident, celui pour l’économie locale n’est pas négligeable non plus : les bâtiments concernés se trouvant tous dans le canton, les artisans et les autres professionnels du secteur immobilier, de même que ceux qui travaillent dans l’innovation en matière d’énergie renouvelable ou du bâtiment, seront également gagnants.